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La vidéo, c'est dans la boîte !

Chapitre 8 : une autre vie possible ?

Retrouvez l’origine de ce roman dans l’article ici 
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Dans le chapitre précédent, à lire ici, Catherine a organisé une soirée d’anniversaire surprise pour Daniel. Il y fait la connaissance de Michèle Bordier, la coach de sa femme, qui commence à lui poser quelques questions dérangeantes sur son bien-être actuel. Il y retrouve aussi Michel, son pote, son ami depuis 25 ans, copain de lycée et parrain de son fils. En toute fin de soirée, Daniel reconnait auprès de sa femme qu’il est au bord de l’épuisement.

Dans ce chapitre, Daniel et Michel se retrouvent seuls pour quelques heures. Ils vont avoir une discussion très profonde sur le vécu de Michel sur ces 4 dernières années. Michel va revenir sur son changement de vie radical qu’il a évoqué brièvement lors de la soirée, alors qu’ils étaient tous deux allongés sur les transats, une bière à la main.

 

Samedi 5 juillet, 14:34, de nouveau sur les transats

Daniel : « Bon, alors mon pote. Maintenant qu’on est plus que tous les deux, raconte-moi tout. Hier soir, tu en as trop dit, ou pas assez ! Je veux tout savoir de ce qui t’es arrivé sur les dernières années. Comment ça se fait que je te quitte directeur informatique d’une boîte en pleine croissance avec une femme, deux enfants, un labrador et une maison avec piscine, et que je te retrouve 4 ans plus tard, baroudeur, habillé en mafioso. »

Il faut dire que le changement de Michel a vraiment été radical. Il avait l’habitude de s’habiller avec des jeans et t-shirts, pas toujours du meilleur goût. Pas très sportif, la bedaine de la quarantaine était bien là. Et maintenant, je dois dire qu’il respire l’élégance italienne. Il ne lui manque plus qu’une voiture de sport rouge, et un mannequin de podium à ses côtés pour qu’on le confonde avec une star de cinéma.

 

La pression monte

Michel : « Ok, on va commencer par le début. Je vais te raconter ma vie d’avant. Tu te rappelles, dans ma boîte, on vendait un peu toute sorte de prestations de service d’ingénierie. »

Daniel : « Oui, vaguement. Tu plaçais surtout des bonhommes, non ? »

Michel : « Oui, en fin pas moi, mais les commerciaux. Mais oui, en gros on faisait beaucoup de prestation de service à la journée. Mais le marché a commencé à bouger. On a du complètement revoir nos offres, et notre approche du business. »

Daniel : « Comment ça ? »

Michel : « Les clients ont commencé à changer leur manière d’acheter du service. Ils nous demandaient d’être de plus en plus capable de fournir des services clés en main. »

Daniel : « Je comprends rien là… »

Michel : « Attends, je t’explique… Par exemple, avant, un client nous demandait de lui trouver un ingénieur pour l’aider à développer un produit. Alors on lui mettait un gars. On plaçait le bonhomme comme tu dis. Et puis les clients ont commencé à nous demander de faire plus de choses. Les clients ont commencé à demander qu’on fasse des parties entières de développement de leurs produits. Alors tu imagines les conséquences ? »

Daniel : « Non, pas vraiment… »

Michel : « Ben si ! Si je te demande de faire un truc que tu sais pas faire. Comment tu vas t’y prendre ? »

Daniel : « Soit j’apprends à le faire, soit je demande à quelqu’un de faire pour moi ? »

Michel : « Exactement ! Et bien pour nous ça a été pareil… Sauf qu’apprendre à faire nous-mêmes des trucs qu’on ne savait pas faire, ç’aurait été trop long ! Alors notre CEO s’est pris d’une boulimie d’acquisition de petites sociétés expertes dans leur domaine. On a commencé à racheter des boîtes qui font du développement de produit. On a fait 6 acquisitions en moins de 2 ans. On a plus que doublé la taille de la boîte ! »

Daniel : « Ouf… C’est chaud ça, non ? »

Michel : « Oui ! Et alors à mon niveau, voilà quelle était devenue ma vie : je passais mon temps à changer les outils informatiques dans les entreprises qu’on rachetait. Et dans le même temps, il fallait aussi changer des outils informatiques au niveau du groupe entier, parce que ceux qu’on avait n’étaient plus adaptées à notre nouveau métier. »

Daniel : « Bon d’accord, mais c’est quoi ton problème par rapport à ça ? Ça ne me dit pas comment tu es devenu sicilien ! »

Michel : « Mon problème, c’est que je ne suis pas arrivé à suivre la cadence. Je bossais tout le temps, soirs et weekends. C’était nécessaire pour faire en sorte que les nouvelles entreprises qui intégraient le groupe puissent continuer de fonctionner. Mais aussi pour qu’on puisse délivrer ce qu’on promettait aux clients. Au final, on s’en est sorti, à peu près. Mais sur le plan personnel, j’ai tout fait explosé : les enfants sont partis complètement en vrille, ma femme a jeté l’éponge et m’a quitté, et on a vendu la baraque. Heureusement, il me reste mon chien… »

Au moment où Michel prononce ces phrases, je ne peux m’empêcher de me projeter dans mon propre futur. Sauf que je n’ai pas de chien… J’ai l’impression qu’il décrit mon avenir… Je comprends mieux les signaux d’alerte de Catherine hier, et la discussion avec Michèle, sa coache. Une vague de pensées effrayantes me traverse l’esprit alors que Michel continue ses explications.

 

Michel à bout de souffle

Michel : « Alors j’ai continué à me plonger dans le boulot de plus belle. Après tout, le chien n’était pas trop exigeant. Et puis un jour, j’ai littéralement pété un câble. En pleine réunion projet, alors que l’un de mes chefs de projet essayait de m’expliquer pourquoi on avait un mois de retard sur le développement d’un interface entre deux logiciels, je lui ai gueulé dessus comme ça ne m’était jamais arrivé. J’ai cru que j’allais le frapper. Mais vraiment, sans rire. Je pense que le pauvre gars a eu la peur de sa vie.

Daniel : « A ce point-là ?

Michel : « Je t’assure. La peur de sa vie… Et là, je me suis vu sortir de mon corps, me regarder, et me dire : « Oh, gars, ça va là ? Tu déconnes complètement mec ! ». Ce jour-là, juste après la réunion, j’ai pris ma sacoche, et je suis rentré à la maison. J’ai dormi 18 heures d’affilée ! »

Daniel : « Et ben ! Gros bébé a fait son gros dodo ! »

Michel : « Tu ne crois pas si bien dire. Je suis allé voir mon médecin le lendemain, car je me sentais vraiment épuisé. Complètement vidé. Impossible de retourner au boulot. Mon médecin m’a arrêté. Et il m’a prescrit d’aller dans une clinique du stress. »

Daniel : « Ça existe ça, une clinique du stress ? »

Michel : « Oui ! Je ne savais pas non-plus. Alors j’y suis allé, ils m’ont fait des examens dans tous les sens : bilan sanguin, bilan neurologique, entretiens psychologiques,… La totale ! »

Daniel : « Et quoi, t’avais quoi, en fait ? »

Michel : « Burn-out sévère… »

Daniel : « La vache ! Et comment tu te sors de ça ? »

Michel : « Un trèèèèèès long chemin… J’ai vu des psys, pendant 2 ans. J’ai participé à des groupes de discussions, avec des gens comme moi, qui avaient pété les plombs. J’ai vu deux coachs différents pendant 3 ans. J’ai fait des séminaires de développement personnel, pendant 2 ans… »

Daniel : « Pfiou, quelle galère ! Et qu’est-ce que tu as appris ? »

 

Michel renaît

Michel : « Premièrement, que je ne savais pas pourquoi, ni vraiment pour qui je travaillais. En fait j’étais devenu un robot à la solde de la boîte. J’exécutais avec grand soin tout ce qui m’était demandé, en y prenant même du plaisir. Mais au fond, est-ce que c’était ce que j’aimais vraiment faire ?

Deuxièmement, j’ai appris à rééquilibrer complètement ma vie, mon temps, mes préoccupations. Je me suis mis au sport, j’ai perdu 12 kilos. J’ai rencontré Tatiana, qui n’a pas pu être là ce week-end, mais qui a hâte de te connaître. Ça fait deux ans qu’on est ensemble, et c’est plutôt chouette.

Troisième mois, j’ai complètement revu mes objectifs professionnels. Je me suis formé à plein de nouvelles approches, et de nouveaux business. Je me suis spécialisé dans le développement des nouvelles technologies et la robotique. »

Daniel : « Oui, ça je sais, tu m’avais dis au téléphone, et puis hier ! »

Michel : « Ce que je ne t’ai pas dit, c’est que je suis devenu investisseur. Avec les réserves que j’avais pu faire en bossant comme un âne, et à ne rien dépensé, et puis avec la vente de la maison, j’ai pu commencer à investir dans quelques start-ups. J’ai fait deux bons coups, sur deux d’entre elles, et une belle culbute. »

Daniel : « Ah top ! »

Michel : « J’ai ensuite monté un blog sur l’actualité des nouvelles technologies. Je donne aussi des conférences. J’ai une chaîne YouTube… »

Daniel : « Toi, blogueur et YouTubeur, tu rigoles ? Allez, dis moi que tu me fais marcher ! »

Michel sort alors son smartphone et me montre plusieurs extraits de ses vidéos et plusieurs articles de son blog. Je dois avouer qu’il se débrouille plutôt bien devant la caméra, le garçon.

Michel : « J’ai appris plein de choses sur les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle, l’automation… Tu n’imagines pas un quart des révolutions qui nous attendent. C’est extraordinaire et fascinant. »

Daniel : « Mais comment tu vis ? Enfin, comment tu t’en sors, financièrement ? »

Michel : « Je donne des conférences payantes, je fais des missions d’accompagnement stratégique en entreprise. Et puis je vends des vidéos sur internet, comme les jeunes ! Tu verras, un jour ton fils se fera son argent de poche tout seul, et tu l’auras pas vu venir. »

Je dois bien reconnaître que je le trouve particulièrement épanoui, sûr de lui, et plutôt enjoué. La transformation a été plutôt radicale.

Daniel : « Bravo ! Et alors, ce look, qu’est-ce qui t’a pris ? »

Michel continue de me raconter son histoire, ses maîtresses successives avant sa rencontre avec Tatiana, les cours de danse (à ma grande surprise !), jusqu’à ce look de mafioso que je trouve vraiment irrésistible et qui lui va comme un gant.

 

Samedi 5 juillet, 16:12

Catherine et les enfants reviennent d’une après midi de shopping, pendant que Michel et moi terminons de nous raconter nos vies.

Damien : « Parrain ! Tu viens avec moi, je voudrai te montrer mon jeu. J’ai franchi le 49ème niveau, et tous mes potes sont à la ramasse (1). »

Michel : « J’arrive bonhomme. Tu vas me montrer ça. J’ai hâte. Je suis intéressé de voir comment l’AI (2) a progressé par rapport aux versions précédentes auxquelles je jouais il y a quelques années. »

Damien : « Tu vas voir, c’est trop SWAG (3) ! Je te montrerai, j’ai aussi commencé à monter ma chaîne YouTube, où je fais des tutos pour le jeu. Certaines de mes vidéos ont dépassé les 25 000 vues ! Tu te rends compte ? »

Michel : « C’est génial, ça, bravo ! Daniel, qu’est-ce que je disais, tout à l’heure ? »

Daniel : « Oui, et bien, Catherine et moi, on pense que le gosse passe beaucoup trop de temps devant son écran. »

Julie : « Mais Papa, les écrans c’est l’avenir ! Michel, tu viendras me voir aussi, j’aimerai te montrer mon compte Instagram. »

Michel : « OK ma cocotte, je passe un moment avec ton frère, et je viens te voir après. Ça va ?

Julie : « OK ! »

D’un coup, j’ai pris 10 ans de plus que Michel. Comment arrive t’il à s’intéresser au monde de Damien et Julie. Moi, je ne comprends rien à leur bazar. Ce que je vois, c’est qu’il sont tout le temps le nez rivé dans leurs écrans, et ça, ça m’inquiète un peu.

Catherine : « Michel, profite d’un moment avec les enfants, mais essaie aussi de leur expliquer qu’il n’y a pas que les ordinateurs dans la vie, car moi, j’ai du mal ! »

 

Samedi 5 juillet, 20h06, à dîner

Michel : « Tu sais Daniel, j’ai regardé le jeu de Damien. C’est vraiment bien fait. Il doit faire des parcours, avec des énigmes. Les énigmes sont assez sérieuses, et pour les passer, il doit faire des recherches sur internet, aller chercher des balises cachées qu’il ne peut trouver que s’il a les bonnes réponses. Je trouve vraiment ça top. En plus l’intelligence artificielle qui est derrière lui tend des pièges, avec des faux indices, ou des questions de difficultés variables en fonction de ses résultats précédents. J’aime bien le concept.

Et puis, certaines énigmes sont à résoudre à plusieurs, en équipe. Donc tu as des points individuels et des points par équipe. Alors ok, il fait équipe avec des gamins qui sont à Tataouine, ou à Vladivostok, ou n’importe ailleurs, et pas à trois maisons d’ici. Mais on s’en fout ! Il est en réseau avec la planète entière. Et avec ses équipiers, il tchat en anglais. Que demande le peuple ? Je pense que tu devrais faire l’effort de t’y intéresser un peu.

Et quant à Julie, elle a du goût, ta gamine ! J’ai vu un peu ce qu’elle poste sur Instagram, elle fait dans le beau. Je trouve que juste avec son smartphone, elle fait plutôt des chouettes photos. Et elle joue avec des mini-montages vidéo plein d’humour. Là aussi, tu devrais t’intéresser un peu à ce qu’elle fait, ça vaut le coup.

Julie : « Ben tu vois Papa, ça sert à quelque chose ce qu’on fait. C’est pas moi, c’est Michel qui le dit ! »

Catherine : « Julie, fais pas ton insolente, s’il te plait ! »

Décidément, Julie ne rate jamais une occasion pour s’affirmer et montrer qu’elle existe. C’est parfois un peu pénible, mais bon, tant que ça reste courtois, je préfère laisser faire. Après tout, l’affirmation de soi est nécessaire.

Nous terminons paisiblement le dîner. Nous commençons à parler sur les vacances à venir. Michel nous raconte qu’avec son nouveau mode de vie, il arrive à prendre 9 semaines de vacances par an sans culpabiliser, ni mettre ses finances à risque. Je suis plutôt surpris de cette nouvelle attitude. Voir ce bourreau de travail aussi relax maintenant m’interpelle.

Et ça me renvoie à ma propre situation, avec mes problèmes, mon inspection à venir, mes procédures qualité, les réglementations, les indicateurs, les machines en panne, Louise qui râle… Pfiou, j’imagine la force de caractère qu’il a fallu à Michel pour sortir du pétrin dans lequel il était. Allez, il me reste plus qu’une semaine avant les vacances. Elles vont être salutaires, celles-ci.

 

Choisissez le thème du chapitre 9

Daniel vient encore de prendre une claque aujourd’hui. Son meilleur pote, son ami de 25 ans, lui a laissé entrevoir les risques qui l’attendent. Le spectre du burn-out, et son cortège de problèmes sont bien là pour Daniel.

Donnez votre avis sur la suite des aventures de Daniel ! Choisissez le thème du prochain chapitre en commentant l’article. Daniel va vivre sa dernière semaine avant ses vacances. Il doit préparer l’inspection qualité de fin Août, il doit analyser les besoins pour remplacer la GED, il doit mettre en place les indicateurs qualité demandés par Jean-Baptiste Millet.

Selon vous :

 

(1) relire le chapitre 3 : les ados nous dépassent

(2) AI : Intelligence Artificielle

(3) SWAG : pourrait vouloir dire Something We Africans Get. Mais d’autres traductions sont évoquées. Expression utilisée au départ pour qualifier quelque chose ou quelqu’un qui est charismatique, qui a du style. Mais comme toute expression à la mode, les ados les emploient parfois à mauvais escient. Ici, Damien veut dire cool, fun, ou encore génial, pour les plus vieux d’entre nous.

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