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Chapitre 2 : le crash de la formation

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Retrouvez l’origine de ce roman dans l’article ici : https://toutes-les-videos-business.com/roman-intro-daniel/.

Dans le précédent chapitre ici, Daniel prend conscience de la complexité des documents et des procédures de MetalFusion, grâce à l’excellent travail d’investigation de Valérie, sa jeune stagiaire.

Dans ce chapitre, Daniel va avoir une discussion houleuse avec Louise, la responsable de production, au sujet de la charge de travail trop importante que nécessitent les plans de formation et la mise à jour de la documentation.

A la fin de ce chapitre, Daniel rentre exténué à son domicile en fin de journée. Vous aurez à choisir qui vient l’accueillir dans l’entrée, parmi 3 choix. Bonne lecture !

Jeudi 12 Juin 2014, 10:37 : Louise frappe à la porte de mon bureau

Louise : « Bon, Daniel, tu viens, on va finir par t’attendre. J’ai vraiment du pain sur la planche. La machine à coulée basse pression est encore en rade, alors j’aimerai bien qu’on expédie la réunion projet. »

Hmm, Louise me parait encore sous pression aujourd’hui. Discuter avec elle des nouveaux documents risque d’être un peu compliqué…

10:45, en salle de réunion du bâtiment administratif

Louise : « Bon alors les gars, je vous préviens, c’est pas mon jour aujourd’hui. Raz-le-bol…. Quand ça veut pas, ça veut pas…. La BP(1) est encore partie en vrille, et on est en train de chercher pourquoi. Si on trouve pas avant midi, c’est tout le planning de la semaine qui est dans le lac. Alors autant vous dire que j’ai pas beaucoup de temps, ni vraiment la tête à la réunion projet. »

Jean-Louis Père, notre DRH(2), toujours bienveillant et prêt à secourir la veuve et l’orphelin, s’inquiète de l’état de stress dont Louise fait preuve.

Jean-Louis : « Allons Louise, ça va aller. Est-ce qu’on peut t’aider, on peut faire quelque chose pour toi ?

Louise : « Oh, fous-moi la paix, toi. Quand j’aurai besoin de tes services, je te sonnerai… »

Jean-Louis : « Et ben, bonjour l’esprit d’équipe… J’aimerais juste te rappeler que si on est tous autour de la table aujourd’hui, c’est justement parce qu’on a approuvé le budget pour changer la BP. Et la remplacer par une toute neuve, la plus automatisée possible, pour que justement, tu ne rencontres plus les problèmes d’aujourd’hui. Alors je veux bien que tu m’envoies sur les roses, mais à ce compte_là, tu te débrouilles seule pour recruter les 12 personnes dont tu auras besoin pour la faire tourner. »

Louise : « Excuse-moi Jean-Louis, je suis un peu à bout avec cette machine. Les commandes clients s’empilent, on est en train de prendre du retard, et M.Millet va finir par me tomber dessus à bras raccourcis si on sort pas les produits à temps. On a des produits au top, mais on n’est pas capable de les sortir en temps et en heure. Ça me ronge… »

Jean-Louis : « Ok, ça va, je comprends. Faisons au plus vite alors pour avancer sur la nouvelle machine. »

Louise : « Tu as raison. On démarre. Est-ce que John, de la SMEC(3), fournisseur de la New BP(4) est connecté à la visioconférence ? John, tu es là ?… John ?… Jo-oooohn ? »

Daniel : « Je crois qu’il est connecté mais on ne l’entend pas… »

Jean-Louis : « Oui, je crois aussi… »

Louise  : « John, tu nous entends ? Ah, attends, il met un message sur le tchat… Je vous vois et vous entends mais visiblement vous ne m’entendez pas… »

Daniel : « Bah ça on a vu… Bon je vais chercher Marc. Il saura nous dépanner… »

Louise : « Ok, dépêche-toi, parce que là, je crois que je vais exploser… »

11:08, Marc sort de la salle

Louise : « Merci Marc, t’es notre sauveur… On va enfin pouvoir démarrer. On a juste 38 minutes de retard ! Bon John, c’est bon pour toi ? »

John : « Tout est bon, c’est ok. On peut y aller. »

Louise : « Bon allez, on commence par la fabrication de la machine… John, tu peux nous faire un point précis ? »

La réunion a pu enfin démarrer. Je dois bien avouer que pour partie ces réunions m’embêtent un peu. Ça devient très vite très technique, ce n’est pas mon terrain de jeu favori. Pendant que tout le monde s’affaire à parler technique, j’en profite pour laisser divaguer mon regard sur les murs de la salle de réunion. Les portraits des Millet sont là pour nous rappeler la destinée familiale de l’entreprise : Michel, le Grand-Père et fondateur de la société, Jean-Baptiste, le Père 65 ans et actuel dirigeant, et Thierry, 32 ans, le Fils parti rouler sa bosse aux Etats-Unis dans une société partenaire du groupe. Jean-Baptiste a une stature impressionnante : un grand bonhomme, au physique de général de l’armée.

Louise : « Daniel, tu nous fait un point sur la documentation à préparer ? Daniel ?… Daniel !! Oh, t’es avec nous-là ? »

Daniel : « Pardon, j’étais dans mes réflexions sur le système documentaire justement. Alors, on a fait le point avec Valérie. J’ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. Je commence par la bonne. On a identifié les documents à mettre à jour où à créer dans le cadre de ce projet. La mauvaise nouvelle c’est que ça va venir en plus par rapport à la mise à jour de 537 documents qui doivent être mis à jour dans les 3 mois qui viennent. »

Louise : « Faudra que tu m’expliques à quoi ça sert toute cette paperasse… »

Daniel : « Louise, je sais que tu n’aimes pas ça. Mais on n’a pas vraiment le choix. Nos clients et les auditeurs nous demandent d’avoir des documents. »

Louise : « On voit bien que les conseilleurs ne sont pas les payeurs. On croule sous les docs. Mes superviseurs passent maintenant plus de temps dans la paperasse que sur le terrain. Faut pas s’étonner que les machines cassent après. »

Daniel : « Oui, je sais que tu en as parlé à Valérie. On reviendra sur les documents une prochaine fois. J’aimerai qu’on parle un peu de formation. Louise, tu vas devoir construire le plan de formation des 12 personnes qu’on va recruter. Tu dois reprendre les curricula(5) de tes opérateurs actuels et les adapter. »

Louise : « Oui, ben ça aussi on peut en parler ! J’imagine que Valérie t’a parlé des 157 documents et donc 157 cours de formation que mes gars doivent suivre ? »

Daniel : « En effet, oui. Merci de l’avoir aider à faire l’analyse. »

Louise : « De rien. Ce dont tu dois prendre conscience, c’est qu’avec tout le système qualité que tu as mis en place, on étouffe. On n’en peut plus ! C’est plus un système qualité, c’est une usine à abattre des forêts. 157 formations pour un opérateur de prod, tu te rends compte de ce que ça fait ? On leur demande pas de faire décoller une fusée ! On leur demande de couler des pièces de fonderie. Alors certes, certaines sont destinées à la santé humaine et pas à l’industrie. Mais quand même ! »

Daniel : « Oui, j’en ai bien conscience, mais… »

Louise : « Daniel, tu m’agaces. Tu vas encore me sortir une excuse, gnagnagna l’auditeur ceci, gnagnagna la certification cela, gnagnagna je ne sais pas quoi… Moi je te dis une chose : continue à nous mettre la tête sous l’eau comme ça, et c’est plus des pièces en métal qu’on va couler, c’est l’usine. Alors gardons le débat pour plus tard, mais je veux qu’on trouve une solution pour la formation sur la New BP. Maintenant les gars, désolée c’est midi et demie passé, je dois vous laisser, j’ai une machine à redémarrer… A plus »

Louise sort de la salle en faisant voler quelques feuilles de papier. En claquant la porte, elle a manqué de faire tomber le portrait de Michel Millet… Le pauvre, paix à son âme…

12:56, à la cantine

Valérie : « Alors Daniel, comment s’est passée ta réunion projet ? »

Daniel : « Ca a été un peu chaud avec Louise. Elle était assez remontée parce la machine de coulée basse pression est encore en panne. Elle craint de devoir décaler tout le planning de la semaine s’ils ne redémarrent pas maintenant. Ils auraient déjà dû redémarrer d’ailleurs. Je pense qu’on la verra pas à la cantine à midi. »

Valérie : « Elle t’a parlé de l’analyse que je t’ai montrée tout à l’heure ? »

Daniel : « Ah ça oui ! J’en ai pris pour mon grade ! Elle me tient pour responsable des problèmes de surcharge de ses superviseurs de production. Elle a été plutôt cash avec moi. Elle est montée dans les tours quand on a abordé le plan de formation des nouveaux opérateurs de fabrication. »

Valérie : « Ben moi, je la comprends…. »

Daniel : « Oui, moi aussi, mais en même temps, notre système est ce qu’il est. Notre certification repose dessus. Changer le système, c’est risquer de la perdre. Et si on perd la certif, c’est pas Louise qui va me crier dessus, c’est Jean-Baptiste lui-même ! Et là, j’ai plus qu’à aller pointer au chômage après… »

Valérie et moi finissons notre repas tranquillement en continuant de bavarder sur l’inefficacité de notre système qualité. Comment avons-nous pu en arriver là ? Comment est-ce que j’ai pu laisser les choses dériver ainsi jusqu’à de tels extrêmes. Louise est une fille compétente, et engagée. Elle est très fortement attachée à l’entreprise, et la voir dans l’état de ce matin m’attriste.

14:18, mon téléphone sonne

Jean-Louis : « Daniel ? Oui, c’est Jean-Louis, là. Dis-moi, j’ai pas voulu intervenir ce matin au sujet de la documentation et de la formation, pour ne pas mettre de l’huile sur Louise La Braise ! Mais Il y a deux ou trois trucs dont je voudrais te parler en plus. T’as un moment pour un café ? »

Daniel : « Ok, on se retrouve vers 16:00 en bas ? »

Mon bureau est au deuxième étage du bâtiment administratif. Je l’aime bien parce que j’ai une vue plutôt agréable. C’est l’un des seuls bureaux qui n’a pas vue sur la zone industrielle, mais sur les champs cultivables qui jouxtent la zone. Ces champs ne sont pas encore construits, je ne sais pas pour combien de temps encore. Mon petit plaisir, c’est de lever le nez de mon ordinateur, et regarder la chaîne montagneuse qu’on aperçoit par beau temps. Quand je regarde un peu à droite des montagnes, je vois arriver les orages en été. J’aurais dû voir venir celui de Louise ce matin !

16:25, à la machine à café

Daniel : « Bon alors dis moi Jean-Louis, qu’est ce que je peux faire pour toi ? »

Jean-Louis : « Comme je te disais, j’ai pas voulu mettre de l’huile sur le feu ce matin au moment de ta discussion avec Louise, mais on a deux problèmes à venir. Le premier problème concerne la nouvelle réforme du code du travail. C’est un peu touchy. »

Daniel : « Ah bon, pourquoi ? »

Jean-Louis : « La nouvelle directive va nous demander de tracer tout ce que nos salariés font. En plus du pointage de leurs heures, il va devenir obligatoire de tracer la nature de l’activité qu’ils font. Le législateur s’inquiète des détournements de postes de travail. En gros, il veut éviter que des personnes fassent des tâches qui vont au-delà de la qualification que leur contrat de travail ou leur fiche de poste exige. C’est un moyen de pression qu’il a trouvé pour faire basculer les négociations salariales en faveur des salariés. »

Daniel : « Comment ça ? »

Jean-Louis : « Ben oui, demain, un salarié traçant ses activités dans un système verrouillé et neutre pourra à tort ou à raison démontrer qu’il fait des tâches d’un niveau supérieur à ce que requiert son cadre contractuel. Et donc il sera en position de force pour négocier son salaire à la hausse. »

Daniel : « Et c’est quoi la différence par rapport à aujourd’hui ? On a bien des négos annuelles avec les représentants du personnel, non ? »

Jean-Louis : « Oui, mais là, ça prend une tournure légale, opposable à l’inspection du travail. Mais bon, c’est pas sur le fond que je voulais te parler de ça. Le problème est plutôt sur la manière. On va devoir créer de nouvelles procédures, mettre en place un complément à notre logiciel de gestion des ressources humaines, et on va devoir former toute l’entreprise à ce nouveau système. »

Daniel : « Ah, oui, je vois où tu veux en venir. Je comprends mieux ton expression de « remettre de l’huile sur le feu ». Parce qu’évidemment, j’imagine que les opérateurs de Louise vont devoir être formés à ça en plus du reste. Et ses superviseurs auront la responsabilité de contrôler que les tâches sont bien conformes au niveau contractuel. C’est bien ça ? »

Jean-Louis : « Merci, je vois que tu comprends vite… »

Daniel : « Bon et le deuxième truc alors, dont tu voulais me parler ? »

Jean-Louis : « Avant la réunion de ce matin, j’ai eu CHSCT(6). Le sujet de la bureaucratie est remonté. Les salariés présents ont dit leur raz le bol des documents, et aussi leur inquiétude sur le temps passé en formation qui devient trop important. Ils disent avoir peur de commettre des erreurs parce qu’ils ne savent plus vraiment où est la bonne information qu’ils doivent respecter et appliquer.

Ils disent aussi que se former c’est bien, ils sont même demandeurs. Mais ils voudraient être formés à des choses utiles qui leur permettent soit de mieux faire leur boulot, soit de le faire de manière plus sécuritaire. Je n’ai pas voulu t’enfoncer devant Louise qui était déjà suffisamment énervée à cause de la panne. Mais je crois qu’il faut qu’on fasse vraiment quelque chose.

On doit prendre ce problème à bras le corps sinon, on court à la catastrophe. On va finir par avoir des démissions, ou un piquet de grève, ou des dégradations qualité. Qu’est-ce que t’en penses ? »

Daniel : « J’en pense que j’ai eu une journée difficile… J’ai besoin de réfléchir à tout ça car là, comme ça, et entre nous s’il te plait, je n’ai pas de solution. Dormons là-dessus et on verra bien après. »

17:03, STOP !

Daniel : « Valérie, je vais rentrer chez moi. Je suis un peu éprouvé aujourd’hui et j’ai besoin de me retrouver en famille. Si on me demande, dis que je suis joignable jusque 18 heures sur mon portable, le temps de faire la route, mais qu’après, je ne répondrai plus jusqu’à demain. Tu veux bien faire ça pour moi ? »

Valérie : « Oui, sans problème. Je vais bientôt y aller aussi. Je termine juste encore une ou deux analyses Excel, et je baisse le rideau. A demain ! »

Daniel : « Oui, à demain ! »

Choisissez le thème du chapitre 3

Daniel quitte le site de MetalFusion vers 17:15. Il rentre chez lui après environ une heure de route. Moralement exténué, il pousse la porte de son domicile. Selon vous, une fois qu’il a posé son sac dans l’entrée, qui vient le voir ?

A vous d’indiquer votre préférence dans les commentaires de l’article ! 

 

(1) : BP : petit surnom donné par les équipes de production à la machine de coulée basse pression=

(2) : DRH = Directeur des Ressources Humaines

(3) : SMEC : Steel Mechanical Engineering Corporation, fournisseur de la machine New BP,

(4) : New BP : petit surnom donné par les équipes de production à la nouvelle machine de coulée basse pression

(5) Curricula : liste de toutes les formations qu’une personne doit suivre lorsqu’elle est nommée à son poste de travail. Certaines formations ne sont à faire qu’une seule fois ; certaines sont à refaire périodiquement, chaque année par exemple.

(6) CHSCT : Comité d’Hygiène, de Sécurité, et des Conditions de Travail. C’est une réunion régulière entre membres du comité de direction et des délégués du personnel pour analyser les conditions de travail et les améliorer.

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